• L'anxiété chez le chien

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    I)     Qu’est ce que c’est ?

     

    L’anxiété peut se définir comme un état émotionnel et caractérisé par des réactions émotionnelles analogues à celles de la peur, en réponse à un danger inconnu, à des menaces (punitions, frustration), à des situations de nouveauté ou d’incertitude ou toute autre variation du milieu, voire simplement de l’attente de stimuli.

     

    En quoi l’anxiété se différencie de la peur ?

    La frontière entre ces deux émotions est parfois mince ; la peur implique la présence d’un danger réel et la connaissance de celui-ci et est souvent liée à une mauvaise expérience. Les chiots sont réellement sensibles aux peurs d’où l’importance de la socialisation. L’anxiété, quand à elle, est certes parfois rattaché à un danger (la foule, les autres chiens) mais elle se manifeste dans l’attente de celui-ci, avant son apparition et il peut même être non définis.

     

    L’anxiété non pathologique

     On la compare souvent au stress dans ce cas. Elle a une fonction d’alarme permettant à l’organisme d’être alerté et donc de s’adapter à un état de stress déclenché face à une modification soudaine et inhabituelle de l’environnement. Un processus de régularisation et de contrôle se met en place : l’homéostasie. Il permet de conserver une stabilité et un équilibre de l’environnement interne, de répondre à des menaces potentielles par une réaction de peur transitoires proportionnelle au danger supposé, de produire des réponses comportementales adaptées (évitement, fuite), et de restaurer un état émotionnel normal une fois le danger écarté.

     

    L’anxiété pathologique

    C’est un état chronique dans lequel le chien n’arrive pas à réguler et contrôler son environnement interne. Plus le chien sera confronté à cette situation anxiogène, plus son état de vigilance s’aggravera. Cet état chronique peut apparaître à tout moment, indépendamment de tout stimulus particulier, facilitant et amplifiant l’expression d’émotions de peur et empêchant le chien d’adapter son comportement proportionnellement au danger. L’anxiété pathologique semble être une maladie de l’adaptation engendrée par l’incapacité de l’organisme à faire face à certaines situations perçues comme dangereuses ou douloureuses. Cette impossibilité d’adaptation est considérée comme un excès d’anxiété qui peut perdurer après le retrait du danger et apparaître sans raison apparente.

     

     

    Les facteurs

     

    Les facteurs prédisposants limitent l’adaptation du chien lors de situations futures menaçantes ou perçues comme telle.

    L’expérience vécue ainsi que les apprentissages (au sein de l’élevage, lors de la socialisation, pendant une promenade, dans une maison) peuvent être à l’origine d’un état anxieux s’ils ne se sont pas déroulés de manière harmonieuse.

    L’hyper attachement (un article lui sera consacré) est une pathologie dont l’anxiété est l’un des symptômes. L’attachement est le lien qui lie le chiot à sa mère puis à son maître. La « figure d’attachement » est assimilée à une protection en cas de danger qui permet aux peurs du chiot de s’estomper. L’attachement est naturel, l’hyper attachement une pathologie qui concerne un lien de dépendance excessive : le chiot/chien ne peut rester sans sa « figure d’attachement » et la peur de perdre ce dernier empêche le chien d’interagir avec l’environnement extérieur.

    Exemple personnel de cas d’hyper attachement : lors d’un stage de conduite de chien de troupeau, Enee qui n’avait qu’un an avait encore de gros soucis d’hyper attachement, « l’empêchant » d’interagir seul avec le troupeau. Un test a été réalisé pour savoir s’il s’agissait réellement d’hyper attachement : une personne a pris Enee en laisse et l’a conduit en bout de champs, pendant que je me cachais de l’autre côté, laissant le troupeau entre nous deux. Alors qu’il a toujours eu de l’instinct concernant tout type de troupeau, il a préféré partir à ma recherche une fois lâché plutôt que de « s’occuper » des moutons. Aujourd’hui, après tout ce travail je pense qu’il irait aux moutons, mais qu’il reviendrait rapidement à ma recherche (pathologie oblige).

    Des lésions du système nerveux central causé par un traumatisme ou des neurotoxiques ou une malformation.

    Génétique : un gène anormal produit une protéine anormale qui, si elle est impliquée dans une étape de la neurotransmission, va être à l’origine de la perturbation de celle-ci. De plus, chaque individu nait avec un capital d’adaptation propre et il est possible de produire une lignée de chien anxieux (déjà réalisé sur une espère de lapins et de souris)

     

    Les facteurs déclencheurs correspondent à des stress auxquels le chien n’arrive pas à faire face de manière adaptée.

    Il peut s’agir de situations ou d’objets dont le chien n’est pas habitué : agression durant une balade, hospitalisation, transport, bruits, effet de surprise. L’introduction d’un objet inconnu et qui parait suspect dans un environnement connu. Un chien qui n’est pas habitué à voir une multitude de situation différente aura du mal à accepter l’innovation d’où l’importance de la socialisation : familiariser le chiot/chien au maximum de bruits/objets/personnes/situations etc

    Exemple personnel : Bon en l’occurrence ce n’était pas de l’anxiété mais de la peur mais ça montre combien un minuscule changement qui nous parait anodin peut faire peur, angoisser votre animal. Enee devait avoir 2/3 ans et il a eu une peur terrible lors d’une balade, lorsque nous avons croisé un chien avec une collerette. Il n’avait jamais vu de collerette et cela lui a vraiment fait peur. Par chance le chien était très gentil mais Enee était terrorisé et le fuyait. Puis il s’est finalement approché pour comprendre que non, ce chien n’était pas un extraterrestre ^^

    Il est essentiel d’agir dès la première fois, de prendre le temps de montrer au chien qu’il n’y a pas de danger, pour éviter que cela devienne une situation anxiogène voire une phobie pour lui (à peine quelques fois suffisent).

    Il peut également s’agir d’une situation de conflit (l’heure du bain, la visite chez le vétérinaire, le trajet en voiture/caisse de transport), d’une situation de frustration (séparation, isolement, de mauvais traitements (nourriture-propreté-émotionnel) ).

    Il ne faut en aucun cas négliger l’anxiété communiquée par l’homme ! Combien de fois il est possible de croiser des personnes qui stressent dès qu’un chien étranger s’approche du leur qui semble calme ! Si le chien ressent de l’anxiété venant de son maître, il va penser qu’un danger est en approche et qu’il faut réagir en conséquence. Et une incohérence dans la communication peut également engendrer de l’anxiété (le maître qui ne perçoit pas les signaux d’apaisement et continu sa manœuvre).

     

    Les facteurs modulants aident à diminuer ou au contraire augmenter l’anxiété. Lors de la situation anxiogène, une fois que le chien démarre la premiere séquence de comportement, les interactions du maître, ses réactions, ainsi que celle de la personne « dangereuse selon le chien » (s’il a peur des enfants/personnes) peuvent influencer l’anxiété du chien. Un maître qui connait et comprends son chien s’aura lui détourner l’attention, lui faire reprendre son calme. Comme le contraire est possible. De même pour la personne visée qui peut réagir bien, ou mal.

     

    Quelques exemples de situation qui peuvent devenir anxiogènes

    Les conditions de vie imposées par les maîtres ne permettent pas toujours l’achèvement du développement comportemental de leur chien.

    -          Stéréotypies de contraintes : Les restrictions de leurs possibilités physiques (mise à l’attache, séjour dans des espaces restreints) ou bien séjour dans des environnements pauvres en stimuli.

    -          Enurésie des jeunes chiens : réapparition de troubles de la propreté dans l’habitation pendant la nuit alors que l’apprentissage avait été acquis. Le facteur punitif semble être le facteur anxiogène.

    -          Anxiété de séparation : un des symptômes de l’hyper attachement.

    -          Anxiété de privation : trouble du comportement chez les chiens élevés en milieu moins stimulant que leur futur milieu de vie. Tous les stimuli auxquels le chien n’a pas été habitué seront potentiellement stressants, ce qui peut entraîner des comportements agressifs.

     L’absence d’une communication de qualité peut déstabiliser le chien jusqu’à l’apparition de l’anxiété.

    -          Anxiété dite de « deritualisation » : lorsque un chien adulte vient de changer de meute/famille soudainement, les modes de communication habituels ne seront plus les mêmes et il n’obtiendra pas les mêmes réponses dont il a l’habitude suite à ses messages. Une ambigüité peut engendrer un état anxieux (les chiens qui grondent/aboient en jouant peuvent surprendre les plus sensibles etc).

    -          Anxiété du « chien de remplacement » : il arrive fréquemment qu’un maître qui a perdu son chien, le remplace rapidement ou non, par un chiot de même race. Il essayera de rechercher les caractéristiques de son défunt chien dans son nouveau sans jamais y parvenir et le nouveau se retrouve dans l’impossibilité de répondre aux attentes de son maître perpétuellement insatisfait.

    -          Anxiété dûe à des douleurs.

     

     

     

    II)     Comment le déceler ?

     

    Les symptômes cardio-respiratoires

    Face à une situation de stress, l’organisme du chien émet une réponse physiologique adaptée : tachycardie, tachypnée, hyperventilation.

    Les symptômes digestifs et urinaires

    Il peut également y avoir des diarrhées, des écoulements de glandes annales, des troubles digestifs chroniques (vomissements, gastrites, troubles dyspepsiques ou dysphagiques.

    Les symptômes dermatologiques

    Comme pour nous, la peau est le miroir de la santé de l’animal. Un état anxieux peut se démontrer par la présence d’eczema, chute de poils, léchage, grattage, morsures.

    Les symptomes comportementals

    Un chien anxieux peut être agité, ou au contraire amorphe. On peut constater de l’hypervigilance, tournis simple ou autour de sa queue, crises convulsives, impulsivité, agression, destruction, immobilisation, aboiements, refus de contact, troubles du sommeil, de l’alimentation, défense, fuite, posture d’inhibition, coprophagie, marques d’agitation (reniflements, changement fréquent d’allure et de posture), actes de substitution (toilettage à l’excès, activités répétitives – ronger, tournis).

     

    III)      Les traitements possibles

     

    Je ne préfère pas évoquer de médication, il faut prendre RDV avec un vétérinaire compétent. L’auto médication est quelque chose de très complexe et à ne pas prendre à la légère. Je peux juste vous dire qu’il semblerait que la phéromonothérapie soit assez efficace. Concernant les thérapies comportementales, voici celles qui sont, en général, proposées par les comportementalistes (ne pas en mettre une en place si vous n’êtes pas de taille, consultez pas d’envenimer les choses) il s’agit d’une liste de thérapies qui se pratiquent de nos jours mais elles ne sont peut-être pas adaptée à votre chien/cas, je ne fais que les recenser ici :

    Une thérapie comportementale ne fonctionne pas en un claquement de doigts. Il faut être conscient des principes afin d’obtenir de résultats concrets : 

    -         > Les différents diagnostics (clinique ; d’état (état général du chien) ; ecosystémique (cadre familial, environnement, comportement du maître)

    -          > La volonté de changement de la part des maîtres

    -         > Adapter la thérapie aux capacités du chien et des maîtres

    -          > Un objectif en accord avec les maîtres

    Les thérapies comportementales stricto sensu

    Elles ont  pour but de faire apparaitre ou disparaitre un comportement et ce, par la mise en place d’apprentissage répondant, pour la plupart des comportementalistes, aux règles du conditionnement opérant. Ce qui signifie que l’on apprend un comportement en fonction des conséquences qui en résultent : un acte qui, dans une situation donnée, procure de la satisfaction à plus de chances de se reproduire et au contraire, un acte qui produit de l’insatisfaction aura tendance à disparaître. Il s’agit d’un maintien ou non d’une séquence de comportement par ses conséquences renforçantes.

    La théorie de l’apprentissage élaborée par Mr. Bandura inclue la prise en compte du rôle du renforcement dans l’apprentissage par observation « en tant qu’influence antécédente plutôt qu’en tant qu’influence conséquente ».

    Les thérapies les plus fréquemment utilisées :

    -          Le contre conditionnement

    Cette technique consiste à induire un conflit de motivation afin de supprimer les réactions déclenchées par un stimulus anxiogène : le chien est entraîné dans une activité positive, ludique (souvent le jeu) et lorsque le chien est totalement absorbé par cette activité, on provoque la situation anxiogène tout en poursuivant le jeu pour détourner l’attention du chien.

     

    -          La désensibilisation

    Le but est d’obtenir la diminution des réactions à un stimulus en contrôlant la situation et en la mettant en place de manière croissante. Exemple si le chien à peur de l’orage, mettre le son très bas et augmenter le volume progressivement. Le plus important est de ne pas passer à une stimulation plus forte tant que l’étape précédente est encore stimulante pour le chien.

     

    -          L’extinction

    Cette technique concerne la suppression de la récompense ou punition qui renforce ou inhibe un comportement.

     

    Dans quelles cas : Syndrome de privatisation stade 1 & 2 ; phobies simples/complexes/post traumatique ; anxiété de différents types ; syndrome HSHA ; troubles du comportement.

     

    Les thérapies dites « cognitives » et comportementales

    Elles consistent à fournir des informations organisées au chien qui n’ont qu’un rapport indirect avec les comportements jugés indésirables mais qui en diminuent l’occurrence en modifiant le contexte affectif et social.

    L’exemple de la thérapie la plus classique

    -          « la régression sociale dirigée » 

     Il s’agit de modifier le statut hiérarchique du chien au sein de la famille. Le flou hiérarchique pouvant être un facteur anxiogène.

     

    Les thérapies cognitives consistent à créer des situations dans lesquelles le chien doit résoudre un problème simple, situations qui doivent être conçues de telle manière que le chien ne puisse ni échouer ni avoir peur.

     

    -          La relance de motivation

    L’objectif est de permettre au chien de construire une situation qui lui procure une récompense et dont le double intérêt est la relance de l’activité du chien ainsi que la restauration d’une relation avec son maître : jeu de piste, les tricks etc.

     

    -          La thérapie de détachement

    Pour les cas d’anxiété de séparation, d’hyper attachement – seulement si les origines de cette pathologie sont résolues, il s’agit de reproduire les conditions naturelles du détachement maternel.

     

    Les thérapies familiales ou systémiques

     

    Ces techniques ont pour but de modifier l’ensemble du système relationnel en utilisant ses propres capacités à évoluer.

    Il ne s’agit pas de modifier le comportement du chien mais d’entraîner des modifications relationnelles qui autoriseraient le chien à rééquilibrer son environnement interne. Il est nécessaire d’identifier précisément le cadre familial.

    Le but étant de minimiser l’anxiété en améliorant la communication interspécifique.

    Le maître doit apprendre à se comporter de façon prévisible pour son compagnon et à reconnaître les signaux de communications/d’apaisement (un article plus complet sur les signaux d’apaisement –comment les reconnaitre etc- sera prochainement publié) et l’expression des émotions chez le chien pouvant indiquer un début d’anxiété. Il doit toujours agir de manière cohérente avec son compagnon et appliquer correctement les principes du renforcement et de la punition (suppression de la punition injustifiée car c’est un non sens pour l’animal et un anxiogène). Attention toutefois au renforcement positif des comportements indésirables (caresser un chien peureux etc). Reconnaitre et anticiper les déclencheurs ou les facteurs exacerbant l’anxiété ce qui doit permettre au maître de pouvoir gérer certains imprévus et d’interrompre un comportement indésirable. Et ne pas mettre son chien dans une situation où il sera incapable de s’adapter, vouée à l’échec.

     

    Il s’agit de cibler la psychologie des maîtres et forcer leur motivation à mettre en place une thérapie.

     

     

     

     

     

     


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